La princesse et le voile d’ombre

Il était une fois, dans un paisible village, une jeune fille au cœur pur et léger, à peine sortie de l’enfance, qui vivait dans l’innocence et la gaieté. Or, un jour, elle rencontra un homme aux paroles douces et flatteuses, dont les discours semblaient emplis de noblesse et de promesses. Le cœur de la jeune fille, empli de confiance, s’éprit de cet homme et, à l’âge de vingt ans à peine, elle lui donna sa main, croyant que son époux serait à la fois protecteur, ami fidèle et compagnon aimant. Elle s’avança vers le mariage comme on pénètre dans un jardin de lumière, sans soupçonner que derrière la porte du foyer s’étendait un sombre sentier de tourments et de captivité.

Dès les premiers jours, la jeune épouse vit se déchirer le voile de ses illusions. Elle découvrit que son mari entretenait une liaison avec une nièce lointaine, dans un pays étranger, et qu’il lui envoyait présents, poèmes et marques d’attention équivoques. Lorsqu’elle l’interrogea, timide et tremblante, il osa répondre qu’il ne pouvait choisir entre elle et cette autre. Le cœur de la jeune fille se serra, mais elle demeura, convaincue que la patience et la bonté sauraient adoucir le cœur cruel de son époux.

Hélas ! Peu de temps après, une autre femme fut surprise en leur demeure, et la vérité, amère comme la cendre, éclata : l’homme n’avait point rompu ses vœux antérieurs, et la jeune épouse n’était que la victime d’un mariage trompeur. Cependant, par peur et par sens du devoir, elle demeura attachée à ce lien funeste, espérant qu’un jour l’amour viendrait réchauffer son foyer.

Les années s’écoulèrent, et la jeune épouse dut porter seule le poids de la maison, des dettes et de la subsistance, tandis que l’homme dilapidait sans souci ses responsabilités. Mais ce n’était point seulement le corps qui souffrait : l’âme aussi était meurtrie. En public, il l’humiliait et la réduisait à une figure de moquerie ; en privé, il imposait sa volonté sans jamais écouter sa voix.

Et lorsque la nuit tombait, ses tourments s’aggravaient. Le lit conjugal, qui eût dû être refuge et tendresse, devenait prison et outrage. La jeune épouse apprit à pleurer en silence, serrant ses draps pour ne point réveiller ses enfants et cacher ses larmes. Peu à peu, la maison entière se changea en geôle : des regards indiscrets surveillaient chacun de ses gestes, et son corps et son esprit s’affaiblirent.

Mais le plus cruel tourment fut de voir souffrir ses enfants. L’homme, insensible, rejeta la faute sur sa mère et corrompit l’enfant. La jeune mère assista, impuissante, à la fissure de l’innocence de son fils, et son cœur se déchira.

Enfin, après de longues années de souffrance, elle comprit que l’homme n’avait jamais désiré partager sa vie, mais seulement la dominer et l’effacer. Et dans cet abîme, une résolution naquit : sa voix ne serait point réduite au silence.

Ainsi s’écoulèrent quinze années de ténèbres, où la jeunesse et les rêves de la jeune femme furent dépouillés.

#ImenA

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